ACTUALITÉS EN BREF par Pierre Quiroule II

ACTUALITÉS EN BREF par Pierre Quiroule II

NEW YORK, 2 novembre — Aujourd’hui, New York, la première ville des États-Unis, refait l’histoire, ses citoyens ayant élu l’Afro- américain Eric Adams, 61 ans, maire, par une écrasante majorité, selon toutes les agences de nouvelles et les grands journaux de New York, tels The New York Times et le The Wall Street Journal, quelques minutes après la fermeture des bureaux de vote, à 9 heures. On attendait des précisions, quand, à 9 h 27, le Conseil électoral de New York donnait 73,4 % du vote à Eric Adams face à Curtis Sliwa, son concurrent républicain, âgé de 67 ans, qui a gracieusement concédé, lors d’un point de presse.

Cette performance d’Adams est aussi historique, quand on la compare à celle du premier Noir, le démocrate David Dinkins, à être élu à la première magistrature de New York. Le 7 novembre 1989, soit 32 ans plus tôt, ce serviteur public, qui avait franchi les étapes jusqu’à occuper le poste de greffier municipal, avait gagné face à Rudolph « Rudy » Giuliani, le candidat républicain, qui comptait aussi le Parti libéral dans son camp, par la faible marge de 50,42 % contre 47,84 % pour son rival.

La communauté haïtienne est en liesse, car le président du borough (commune) de Brooklyn, depuis 2013, s’est toujours assuré le vote des Haïtiano-Américains, à commencer lors de sa première campagne politique qui l’a propulsé à la présidence de cette importante commune de la ville de New York qu’est Brooklyn. En ce sens, un autre Eric, celui-là Saint-Louis, a joué un rôle prépondérant en mobilisant la communauté haïtienne autour de son homonyme, ou son « tokay », comme on dit en créole. Alors, cette communauté attend, impatiemment, que le nouveau maire de la ville avec qui a été abordée la question de l’établissement d’une « Maison haïtienne » à New York, fasse le nécessaire pour que ce rêve devienne réalité. Ce sera le haut lieu des rencontres entre les Haïtiens et Haïtiano-Américains de la « Big Apple » (la Grosse Pomme), tel qu’on surnomme cette ville géante, où le vote des Haïtiano-Américains a été, plus d’une fois, décisif dans le choix du maire de la ville.

À souligner que le candidat Eric Adams, ex-capitaine du NY- PD, la Police municipale, s’est distingué comme un vrai dirigeant, lors de sa campagne face à Curtis Sliwa, fondateur du groupe « Guardian Angels » qui, dans les années 70, patrouillait surtout le système de transport souterrain (Subway) de la ville, à une époque où l’insécurité était ambiante. Mais ces temps-là ont révolu.

Agissant toujours en rebelle, en tout dernier lieu, M. Sliwa s’est aligné aux côtés de ceux qui s’obstinent contre le programme de vaccination contre la pandémie du coronavirus. Comme on le sait, environ un pourcentage, qui varie de 13 % à 25 % des employés de la ville, tels des policiers, des pompiers, des éboueurs, des enseignants et autres, ne s’étaient pas faits inoculer jusqu’à lundi, avant-hier, date limite, selon l’édit du maire pour le faire, sinon se voir congédier sans rémunération.

Quant à Eric Adams, il a apporté son soutien au maire Bill de Blasio qui, par ailleurs, vise le poste de gouverneur de tout l’état, ayant rempli les formalités hier, mardi 2 novembre, se portant candidat aux élections de l’année prochaine autour du choix du gouverneur de l’«Empire State », tel qu’est désigné l’état de New York.

Que les électeurs newyorkais soient si nombreux, et de toutes les couches sociales, à choisir Eric Adams comme maire souligne, sans aucun doute, qu’il est dans la lignée de la majorité voulant vivre en santé à un moment où un aspirant maire comme Curtis Sliwa se préparait à laisser faire à leur guise ceux qui, évoquant tout prétexte, même religieux, pour faire échec aux édits salvateurs visant la vaccination de la population entière. En effet, la démocratie a eu gain de cause, cette fois, tenant à distance quelqu’un faisant de l’autoritarisme son cheval de batail. Bravo New Yorkais ! Et Curtis Sliwa pourra conserver son béret rouge, sa marque déposée, car il avait promis de s’en débarrasser s’il est élu maire.

*Mardi, ce fut une journée électorale dans bien de communautés,   y compris pour les gouverneurs de New Jersey et de Virginie

Les résultats préliminaires en Virginie n’augurent rien de bon pour le candidat démocrate dans cet état où, lors des dernières élections présidentielles de novembre 2020, Joseph « Joe » Biden, l’avait remporté contre Donald Trump, avec une avance de 10 %. Les analystes politiques suivent de près le vote de Virginie pour se faire une idée de la campagne dite de mi-mandat, l’année prochaine.

À la fermeture des bureaux de vote, en Virginie, on prévoyait que le candidat républicain, Glen Youngkin, avait une avance de 10 % sur son concurrent démocrate, Terry McAuliffe. Mais vers 11 heures, les écarts étaient d’environ 2 %, toujours en faveur de Youngkin. Mais McAuliffe n’avait pas encore concédé.

Glen Youngkin, 54 ans, un nouveau venu en politique, homme d’affaires impliqué dans l’investissement de capitaux, fait face au démocrate, Terry McAulife, un mordu de la politique, ayant été gouverneur de l’état, de 2014 à 2018. Le gagnant remplacera le gouverneur Ralph Northam, démocrate, interdit par la constitution de se succéder, à l’instar de la Constitution haïtienne de 1987 s’agissant des candidats à la présidence.

Entre-temps, dans le New Jersey, le gouverneur Phil Murphy, 64 ans, démocrate, a maintenu son avantage de plus de 11 points contre son rival républicain, Jack Ciattarelli, qui aura 60 ans le 12 décembre prochain. Durant la campagne, le gouverneur Murphy se moquait de M. Ciatarelli qui, dit-il « voulait retourner aux beaux jours d’an- tan qui n’étaient pas si beaux ! » Apparemment, les citoyens de New Jersey, faisant confiance à leur gouverneur, élu en 2018, le retournent au pouvoir, lui accordant quatre années supplémentaires pour continuer à faire progresser « The Garden State » (état agricole), limitrophe de New York, très verdoyant.

*Une guerre de tweets entre les autorités dominicaines et haïtiennes qui finit mal pour Haïti Les commentaires sur les réseaux sociaux, depuis lundi soir, se con- centrent, en grande partie, autour d’un conflit diplomatique via des  tweets émis par les autorités politiques se partageant la souveraineté de l’île d’Hispaniola (conféré par Christophe Colomb), soit le nom original Haïti que l’appelaient les Indiens Arawaks et Taïnos.

C’est Le Nouvelliste, dans un article détaillé, le 1e novembre, sous la plume de « Patrick Saint-Pré avec Listin Diario », a déballé l’affaire sous ce titre : « Haïti et la République dominicaine font de la diplomatie sur Twitter, suspension des visas pour le étudiants haïtiens ».

Comme si Haïti ne faisait pas face déjà à de nombreux problèmes, le ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Claude Joseph, peu diplomate, bien que chargé de la diplomatie du pays, s’est laissé entraîner dans le sillage d’un nationalisme qui ne sied pas en diplomatie, pour répondre à ceux qui devaient être des partenaires mais qui le traitent, ainsi que son gouvernement, comme des pestiférés.

Selon Le Nouvelliste, tout a commencé lundi, 1er novembre, par un tweet du président Luis Abinader, de la République dominicaine, « lançant un SOS à la communauté internationale ». Selon le chef d’État dominicain, dans un tweet, il a dit : « La communauté internationale, en particulier les États-Unis, le Canada, la France et l’Union européenne doit agir en Haïti et de toute urgence afin d’enrayer l’instabilité profonde que connait le pays en raison de la crise politique et de l’importance des gangs armés ».

Le chancelier haïtien, rétorquant par tweet, a rappelé au voisin que les deux pays sont indexés par les États-Unis, en matière de sécurité, la République dominicaine au niveau 3, et Haïti au niveau 4. Il a noté que la République dominicaine connaît également « une augmentation de la criminalité » tel que souligné dans la note du Département d’État aux voyageurs concernant son pays et le pays voisin.

Le Département d’État a vite fait de clarifier que pour la République dominicaine, il s’agit de protection contre la COVID-19, rien à voir avec la sécurité du pays. Et voilà Claude Joseph qui se met sur le dos et la République dominicaine et le grand voisin.

Point n’est besoin de s’étendre outre mesure sur la valse des  tweets, mais on soulignera que de cette « diplomatie tweetaire », Haïti est le grand perdant. Lundi soir, le gouvernent dominicain a décidé de suspendre indéfiniment le programme spécial de visa pour les étudiants haïtiens au pays. Selon, le professeur Nesmy Manigat, ex-ministre de l’Éducation nationale, ceci aura un impact négatif pour quelque 70 000 étudiants.

En outre, une autre mesure de l’Immigration dominicaine visant les femmes haïtiennes enceintes de six mois, qui ne seront pas admises au pays voisin, car elles sont un fardeau pour le système sanitaire de la République dominicaine, qui doit prendre charge de leur accouchement et autres dépenses.

La situation empirera aussi pour les travailleurs haïtiens, en Ré- publique dominicaine, qui se verront bientôt remplacer dans les secteurs de l’agriculture et de la construction par des Dominicains, selon un plan du président Abinader exigeant l’embauche de 80 % de la main d’œuvre dominicaine dans ces secteurs qui dépendaient de la main d’œuvre haïtienne, selon le reportage de Le Nouvelliste.

C’est le proverbe créole qui sied bien, à l’encontre du chancelier haïtien dans cette guerre de tweets : « Jan chache, Jan twouve, Jan obli- je rete trankil ! ».

Pierre Quiroule II 3 novembre 20201


Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur VOL. LI, No. 42 New York, édition du 3 novembre 2021, et se trouve en P. 2 à : h-o 3 nov 2021