Commémoration du centenaire de la fête du bicolore à l’Arcahaie sur fond de crise…
La première commémoration de la fête du bicolore haïtien à l’Arcahaie remonte à l’an115 de l’indépendance. L’année en cours, 2018, marque donc le premier centenaire de cette importante commémoration nationale. Cette ville-célébrité est inscrite dans l’histoire comme la cité du drapeau, pour avoir été le siège du dernier congrès en vue de planifier la dernière bataille pour l’indépendance d’Haïti, connu sous le nom de « congrès de l’Arcahaie », le 18 mai 1803. Catherine Flon, d’après les récits historiques, aurait cousu les bandes bleue et rouge du bicolore après que Dessalines a déchiré le blanc du tricolore français, et, fait prêter à tous les participants, ce serment solennel : Jurons de combattre jusqu’au dernier soupir pour l’indépendance de notre pays. Hélas, les temps ont bien changé ! Depuis que nous avions été affectés, au point de confier la destinée aux mains de nos intimes ennemies…
Quand quelqu’un a la capacité de faire quelque chose, est donc doté de talents, il lui incombe de fait, le devoir de l’en accomplir. Alors que l’historien haïtien attend je ne sais quelle formule exécutoire pour récrire la deuxième tranche de notre histoire, tentons de suppléer humblement à cette évasion. Constatons que laquelle tranche pourrait se subdiviser en deux grandes périodes. De 57-86, période de la dictature des Duvalier, de 87-2018, période subséquente qui propose vertement la dictature remodelée avec le dirigeant issu de sous-culture politique pathogène. De flibusterie. Médiocres. Rancuniers. Égocentriques. Névrosés. Rejetant l’incandescent luminaire proposé par l’espoir national et global 86-87. De prétentieux géants philistins d’une époque éculée, pour se faire dans le moderne en Copa Cabana Casa Blanca comme modèle de développement pour makout.
Du duc de Tabarre à la formule « pè lebrun », au flemmard de Marmelade, en passant par ti simone réputé « bandit légal », légitimité par l’actuel chef tribal d’une « caravane » mal copiée estropiant l’exécutif local, c’est la même culture. Un super chef au prêchi-prêcha, un sempiternel « je sais », mais un « je veux j’exige » qui continue et perdure comme une tare atavique destinée à perpétuer la désolation de ce peuple au passé glorieux qui doit s’accrocher à ce nouveau refrain… Arete micky vinn banm kou.
Alors que l’on approche de la célébration, sans respect aucun pour les valeurs acquises au prix du sang, dont ils héritent par duplicité en faisant les quatre cents coups ; la mairesse de l’Arcahaie, le président, au lieu de se mettre à table pour décider de ce qui doit être fait, pour réhabiliter la cité et la décréter une fois pour toutes « Arcahaie, terre de liberté », libérer le prisonnier politique, préfèrent chausser ce gant de boxe défait. Première citoyenne de la cité, elle refuse de cautionner une fête importée, made in Port-au-Prince, comme si à l’Arcahaie, il n’y aurait personne à pouvoir tenir le marteau pour enfoncer le clou. Tributaire de ses mandants, elle s’offusque, et tape du pied essayant de faire comprendre au chef tribal que le temps où les discours des pseudo-maires devraient être envoyés au palais national pour être sanctionnés, est révolu. Que les nombreuses promesses lâchées pour épater le passant du pas-de-porte doivent être tenues. Que le chèque sans provision était inconstitutionnel. Que le fils de la commune doit participer aux activités de la commune d’autant qu’il ne dispose que d’un seul jour de l’année pour être à l’honneur, lui qui a fait l’histoire. Et pour cause, elle bloque la construction du stand présidentiel. Quoi de plus légitime ?
Cependant, n’étant plus à sa première célébration, plus d’un s’interroge sur ses véritables motivations. Pourquoi est-ce justement cette année qu’elle sort de ses gonds ? S’agirait-il alors d’une mauvaise séparation du gâteau ? Son agressivité verbale, apparentée au chef OP lava serait-elle transformée en action physique ? Le député de l’Arcahaie va-t-il devoir porter plainte ? Qui sème le vent moissonne…
Les dernières crues sur la cité auraient déposé autant d’alluvions sur la ville. Dénuée de matériel généralement quelconque, la cité du drapeau croule sous des tonnes de choses sales. Des rivières non curées délogent des pans de population…, bref la situation est épouvantable. Les démarches effectuées auprès de l’exécutif pour bénéficier, ne serait-ce que par un retour de taxes, de ce matériel de déblayage, sont demeurées sinon vaines, mais infructueuses, ce malgré des promesses de « caravanes » du guignol de ti simone.
À quoi doit-on s’attendre quand le fief de l’exécutif accepte la cohabitation de la Croix-des-bossales située à seulement deux kilomètres du palais délabré ? Suis-je si confortable ? Me voir considérer comme un bossale du Code noir que personne ne propose de changer cette désignation dégradante ? En fait de nous deux qui étions le vrai bossale ? Celui qui se faisait arracher de sa terre, dans la chaleur familiale pour être vendu ou le bourreau qui l’a ferrée et réduit en un déshumanisant esclavage ? Et si l’histoire se poursuit : dette morale ?
En effet cette zone témoigne du ver de l’inégalité qui ronge notre pays. Lequel côtoiement, du palais au taudis, a pour effet de généraliser le souffle dé-générateur de la pestilence sociétale inclusive. Comme si « les écuries giardias » ne suffisaient pas. La Croix-des-Bossales est ce lieu où le moyen-âge et les temps modernes ne font qu’un, dans la boue infecte et puante, où le canard patauge, achète et vend sa nourriture à même le sol. Défèque à côté à la vue du passant. Il dispose même du téléphone intelligent en faisant la chose. Est-ce que cela dérange, c’est pourtant là la radiographie d’un système à refaire sans délai. Arcahaie va pleurer le 18 mai.
Au palais national, on s’étonne et avec ce sexisme caractéristique de ces gens-là, on estime qu’elle est futée cette « nana ». Depuis quand un chef de l’exécutif devrait-il avoir à s’expliquer par-devant une mairesse de la province pour une affaire nationale ? Hué en face à l’hôtel caribe lors du premier forum international des femmes élues d’Haïti. Bâtardise de bas lignages convertis en super fief n’allaient-ils pas leur retourner l’ascenseur ? À quoi s’attendait-elle ? Et dans tout cela où est le peuple ? À qui le crime profite-t-il ?
cet article est publié dans l’édition du 16 mai 2018, en P. 12 de l’hebdomadaire Haiti Observateur, et se trouve à : http://haiti-observateur.org/wp-content/uploads/2018/05/H-O-16-Mai-2018.pdf