NOUVELLES BRÈVES par Pierre Quiroule II
- Le référendum renvoyé officiellement, à quand le tour de Jovenel Moïse ?
C’est définitif, le référendum du 27 juin de Jovenel Moïse est renvoyé sine die. En effet, c’est confirmé avant-hier, lundi 7 mai, par Guylande Mésadieu, présidente du Conseil électoral provisoire (CEP) qui, depuis vendredi, 4 mai, avait sonné l’alarme dans un communiqué, disant que « le calendrier des activités relatives au référendum constitutionnel et aux élections municipales, locales, législatives et présidentielles de 2021 pourrait être modifié ».
Il ne s’agit pas vraiment de « modification », comme le premier ajournement, car avant la date du 27 juin, il était question du 25 avril. Maintenant, aucune date n’est avancée pour la reprise des activités référendaires dénoncées de toutes parts, tant au pays que dans la communauté internationale. Pour rait-on dire que la nature l’a emporté, car annonçant la mauvaise nouvelle pour le président de facto, la présidente du CEP jette le blâme sur la « recrudescence des cas de contamination de la COVID-19 dans le pays ». Ne voulant pas entendre raison, quand il s’agit d’humains, Jovenel Moïse a dû fléchir devant la nature. Ne serait-il pas coupable d’avoir causé tant de pertes de vies humaines ? Car, il a fallu l’intervention de la pandémie pour le mettre à genoux.
Le sénateur Joseph Lambert, président du tiers du Sénat restant, fut parmi les premiers à commenter cette action, disant qu’il envisageait le bien de la nation quand il avait pris position contre le référendum de Jovenel Moïse. En effet, il avait déclaré, lors d’une interview, accordée le 26 mai, à Jodel Alcidor, de la revue Transparans en ligne, qu’ « il n’y aura ni référendum ni élections » avec Jovenel Moïse. Le quotidien Le Nouvelliste l’avait cité, disant que les bureaux du référendum seraient détruits dans tout le Sud-Est si l’on s’aventurait à les installer.
Le ministre de la Justice, Rockefeller Vincent, aura bien appris sa leçon lorsqu’il eut à dire que « c’est Dieu qui m’a sauvé la vie » quand il a été pris à partie par les Jacmeliens, le mardi, 1er juin, lors d’une visite à la capitale du Sud-Est pour s’entretenir avec les autorités locales sur les activités référendaires. Il a dû laisser la ville en trombe, passant par les montagnes de Seguin et de Kenscoff, pour retourner à Port-au-Prince, « wout pa bwa », selon la malice populaire, la route principale de l’Amitié ayant été bloquée.
Alors, la question se pose : À quand le tour de Jovenel Moïse de disparaître comme son référendum ? Car, Joseph Lambert avait bien prédit : « Il n’y aura ni référendum, ni élections avec Jovenel Moïse ! ». Avec cette mission de l’Organisation des États Américains sur place à Port-au-Prince depuis hier, mardi, 8 mai, on devait profiter de la situation pour discuter du plan de sortie de ce président de facto auquel on doit montrer la porte.
*La mission de l’OEA boudée par le secteur démocratique et populaire. Tandis que le président de facto Jovenel Moïse s’est empressé de lancer un tweet, durant la journée d’hier (mardi, 8 mai) concernant l’entretien qu’il a eu avec la délégation de l’OEA, mais avare en détails, soit seulement que « les discussions ont porté sur la situation sécuritaire et sanitaire ». Plusieurs groupes de l’opposition, en tête de liste, le Secteur démocratique et populaire, ont boudé l’invitation de s’asseoir avec la délégation. À quoi s’attendre? Voir les éditoriaux, en français et en anglais, pages 10 et 11, pour de plus amples détails.
*La Cour suprême des États-Unis a voté, à l’unanimité, empêchant le statut d’immigrant aux tenants du TPS. C’est lundi, avant-hier, 7 mai, que la plus haute instance judiciaire américaine a pris une mesure qui affectera, sans nul doute, les tenants du statut temporaire dit Temporary Protected Status (TPS) accordant aux résidents illégaux le droit de demeurer au pays durant une période donnée et de travailler normalement sans encourir des peines.
Comme on le sait, il y a quelque deux semaines que l’administration Biden a prorogé pour 18 mois, partir du 21 mai, le statut TPS pour les Haïtiens qui allaient perdre cette protection et passibles d’être envoyés en Haïti. Selon les statistiques disponibles, plus de 100 000 ont bénéficié de cette décision de l’administration américaine, qui indiquait que la situation en Haïti, sur tous les plans, étant catastrophique, on ne saurait envoyer ces réfugiés dans ce pays devenant « un enfer », selon une déclaration de l’Église catholique en Haïti.
Le TPS accordé aux compatriotes haïtiens échouera au mois de novembre 2022. Il faut, dorénavant, que les avocats des immigrants et les organisations œuvrant dans la protection des sans papier s’activent pour le prolongement du TPS, car la décision de la Cour suprême est muette à ce sujet. Par ailleurs, les tenants du TPS qui auraient épousé un (e) citoyen (ne) américain (e) auront le droit à la carte verte, c’est-à-dire la résidence.
*Faut-il rire— ou pleurer— s’agissant du tweet de Mathias Pierre, ministre chargé de faire la promotion du référendum et des élections, tout en maintenant le contact avec les partis politiques ? Tout d’abord, il faut lire le tweet de ce grand défenseur du Chef suprême, posté sur Tweeter, hier mardi, 8 mai, à 6;34 pm : « Les bulletins pour le référendum sont arrivés cn Haïti comme prévu. C’est le premier lot de matériel sensible ».
Assurément, il est au courant du report sine die du référendum. Cela fait-il partie du plan concocté pour couvrir les arrières de ceux et celles mêlée-s dans le dépeçage des USD 40 millions (40 000 000.00 $) déboursés pour le référendum bidon de Jovenel Moïse, ayant « bwè luil », comme on dit dans notre savoureux créole.
Vu que la Constitution de 1987 est toujours en vigueur, on veut croire que la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux administratif (CSC/CA), a du pain sur la planche pour déterminer si vraiment tous les 40 millions de dollars ont été engloutis par du « matériel sensible » et autres. Et c’est un dicton créole qui sied bien en la matière : « Fòk yo jije, men sa se twòp atò! »
*Les dégâts de la COVID19 en Haïti dépassent l’imagination. Dire qu’on se croyait à l’abri, car épargnés l’année dernière, quand a débuté le fléau. Voir en page de garde l’analyse de Léo Joseph.
*Le 22 juin ce seront les élections primaires démocrates à New York, pour renouveler le personnel politique. Il faut s’impliquer, en utilisant le droit de vote pour se donner des représentants valables —-au Conseil municipal, dans les tribunaux ainsi qu’à la mairie ainsi et ailleurs. Pierre Quiroule II 9 juin 2021
cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur VOL. LI, No. 23 New York, édition du 9 juin 2021, et se trouve en P.5 à : H-O June 9 2021