L’AGONIE DU RÉGIME PHTK DÉJÀ COMMENCÉE
- Magalie Habitant a tourné les talons sur Jovenel Moïse par Léo Joseph
Il semble que le projet du Parti haïtien tèt kale (PHTK) de garder le pouvoir, durant les cinq prochaines années, ait tourné court. La décision de Magalie Habitant, la « Marie-Jeanne » du régime PHTKiste dirigé par Jovenel Moïse, peut être considérée comme le signal de la déchéance de ce système politique corrompu, inapte débile En vertu des raisons qui ont acculé cette femme à prendre ses distances par rapport à l’équipe au pouvoir, il faut s’attendre à une vague de défections au sein de l’administration Moïse-Jouthe, à très brève échéance.
En effet, la vidéo produite par Mme Habitant, moins de 48 heures après qu’elle eut déposé, au bureau de la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ), les otages dominicains et leur interprète haïtien, qu’elle avait récupérés des mains de leurs kidnappeurs, à la demande expresse de l’entité qu’elle avait identifiée sous le nom d’ « instance concernée », était devenue virale sur les réseaux sociaux.
Dans un message vidéo adressé, « sans hypocrisie », ni langue de bois à tous ceux et celles qui ont collaboré avec elle au sein de gouvernement, elle a donné un message dans lequel elle a annoncé sa démission du gouvernement. Il prétend parler à cœur ouvert et sans retenue à tous les militants, car elle dit ne parle toujours avec franchise. Aussi s’est-elle prononcée en ces termes, dans notre langue vernaculaire : «À partir d’aujourd’hui, je n’ai plus rien à voir avec le pouvoir. Je compte communiquer cette information au président de la République. Magalie Habitant prend ses distances par rapport au pouvoir Je m’écarte du pouvoir, afin de sauvegarder ma vie».
Magalie Habitant prétend qu’elle s’ « écarte du pouvoir » car « ceux qui se sont retrouvés en face de moi n’hésiteront pas à ôter sa vie ». Elle affirme avoir lié amitié avec le président Moïse depuis longtemps, mais que le moment est venu de cesser mes activités au sein du pouvoir.
Selon Mme Habitant, elle fait de la politique depuis 2004. Mais je m’arrête maintenant. « Toutefois, un jour je m’engagerai de nouveau dans la politique avec tous ceux qui ont collaboré avec moi. Nous œuvrerons ensemble pour mettre sur pied un autre gouvernement ».
Son rôle dans le kidnapping exposé
D’aucuns pensent que la décision prise par Magalie Habitant de se retirer du gouvernement se justifie par le fait que son rôle dans l’entreprise du kidnapping est exposé, suite aux révélations de Junior Albert Augusma, l’interprète haïtien des deux jeunes Dominicains qui avaient été pris en otage par le chef de gang TiLapli de Gran Ravin, au sud de la capitale. Ce dernier a déclaré à la presse que Mme Habitant était venue le récupérer avec les deux Dominicains, ses compagnons d’infortune, pour les transporter au DCPJ.
Les observateurs pensent que cette femme, qui défend toujours le régime dirigé par Jovenel Moïse, bec et ongle, pense que suite aux déclarations la concernant faites par l’interprète haïtien, elle était devenue une cible pour plus d’un.
Toutefois, dans les milieux proches du Palais national, cette vidéo, diffusée par elle, entre dans le cadre d’une stratégie visant à la faire oublier, tandis qu’elle continue de servir fidèlement l’homme qu’elle a aidé à mettre au pouvoir. Car, après avoir investi beaucoup d’argent pour faire accéder Jovenel Moïse à la première magistrature, surtout quand les PHTKistes, dont elle fait partie, croient dur comme fer que le président de facto possède tous les atouts nécessaires pour se maintenir au pouvoir, « en dépit de tous les mauvais coups portés par l’opposition radicale ».
D’autres explications sont avancées parmi les habitués du Palais national pour préciser la défection de cette femme, qu’on dit être un « animal politique ». Selon les opinons émises par certains loustics, elle ne céderait jamais à la tentation, ni quitter le gouvernement pendant que Jovenel Moïse se trouve encore au pou voir. Par contre, arguent d’autres, si elle pense que le crime du kidnapping risque de lui attirer des ennuis personnels, elle n’hésiterait une seule minute à quitter Jovenel Moïse.
Mais, fait-on encore savoir, Magalie Habitant a des relations symbiotiques avec le président de facto, qui remontent à plus de dix ans, ayant commencé à se développer dans le Nord-Ouest, surtout à Port-de-Paix, où ils participaient ensemble au trafic de drogue. C’est surtout la solidarité dans cette activité qui les a rendus si proches l’un de l’autre.
Dans la foulée des révélations autour de la longue amitié qui existe entre Habitant et la famille Moïse, on fait croire qu’il existe une équipe de personnes qui a fait « route ensemble » dans les activités illicites, et qui sont « restés ensemble » depuis au moins une décade. À cet égard, on a cité les noms de Magalie Habitant, Jovenel Moïse, Michel Martelly, Evinx Daniel (décédé ?, en tout cas porté disparu) et Mathieu Joseph.
D’autre part, certains attirent l’attention sur les derniers événements qui se sont déroulés à Port-au-Prince, cette dernière fin de semaine ayant marqué l’arrestation de l’un de ces dernières personnes mentionnées. Vu la relation de proximité qui existe entre ces gens et l’étroite collaboration qui la caractérise, le « malheur » qu’essuie ce groupe, par le biais de Mathieu Joseph, risque d’avoir des conséquences plus que fâcheuses sur leur vie. Pour cette raison, on croit que Magalie Habitant aurait pris la décision de « jeter du lest ». Dans l’esprit de celle-ci, un tel objectif peut être atteint en se rendant « moins visible » par rapport au gouvernement.
En attendant que les uns et les autres se reconnaissent dans les eaux troubles qui envahissent l’es pace du PHTK, la prudence est de rigueur, surtout s’il faut éviter de buter sur des écueils. Mais, c’est déjà l’agonie du PHTK. Voilà pourquoi certains gros cylindrés du régime en place mijotent des projets d’ « évacuation sûre ». Surtout qu’en dépit du langage assuré qu’il tient en public, afin d’assurer tous qu’il n’a aucune intention de bouger, tout est fin prêt pour une « sortie heureuse ». L.J.
Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 10 mars 2021 VOL. LI, No. 109 New York, et se trouve en P. 1, 14 à : http://haiti-observateur.org/wp-content/uploads/2021/03/H-O-10-mars-2021.pdf
