Le régime PHTKiste est-il déjà en phase terminale ? par H-O

UNE NOUVELLE RARETÉ D’ESSENCE CONSTATÉE

  • Plus de 90 % des stations d’essence fermées…
  • Le régime PHTKiste est-il déjà en phase terminale ? par H-O

Les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas de s’annoncer, depuis que les pays qui supportaient Jovenel Moïse ont affiché leur désaccord par rapport à la politique générale de ce dernier. Mais on estime qu’une crise d’essence, constatée maintenant, est porteuse de tout ce qui ne devrait arriver en ce moment où le pouvoir se retrouve à bout de ressources pour faire face aux adversités de toutes natures qui le harcèlent. Dans le langage populaire, à la capitale, on dit que le président haïtien est acculé dans une situation d’« abse sou klou » (les malheurs n’arrivent jamais seuls), surtout quand la malchance frappe la porte.

En effet, les automobilistes de la capitale ont déclaré avoir des difficultés à s’approvisionner en carburant, une tendance qu’on commençait à constater, il y a quelques jours, mais qui s’est accentuée au fil de ces derniers jours. Des consommateurs interrogés ont précisé que la rareté se précisait au jour le jour, occasionnant de longues lignes aux abords des stations qui paraissaient avoir encore des possibilités de distribuer le précieux produit. Mais les pressions sur les rares pompes actives ont finalement entraîné la fermeture d’un grand nombre de stations, dans la zone métropolitaine. Au point que des automobilistes disent avoir déjà observé la fermeture jusqu’à 95 % des pompes. Il semble que cette rareté s’aggrave de jour en jour, obligeant les autorités concernées à prendre des dispositions, afin de rassurer les consommateurs.

Un avis rassurant de la BMPAD

Le nombre de pompes tombées en état de dysfonctionnement, fau te de stock pour assurer une distribution normale d’essence, a augmenté rapidement, créant une situation de crise devenue inquiétante. Aussi, le Bureau de monétisation des programmes d’aide au développement, l’organisme d’État (BMPAD) ayant la responsabilité d’assurer visionnement des distributeurs en produits pétroliers, a-t-il jugé opportun d’intervenir dans l’immédiat.

Dans un communiqué en date du mardi 29 décembre 2020, signé du directeur de l’institution, Fils-Aimé Ignace Saint-Fleur, le BMPAD s’empresse d’aviser le public qu’un bateau transportant 165 000 barils de gazoline, doit mouiller dans la rade de Port-au-Prince dans les 48 heures, soit jeudi (31 décembre) dans la matinée. La note a aussi déclaré suffisant le stock présentement disponible, qui permettra d’éviter une crise d’essence.

Toutefois, l’avis du BMPAD n’a pas produit l’effet escompté, en raison du fait que les prédictions de celui-ci, en termes de date d’arrivée des tankers, en période de crise, ne s’étaient pas révélées exactes dans le passé. On en veut pour preuve la situation qui avait prévalu, lors de la précédente crise d’essence, qui remonte au mois de novembre de cette année. À l’époque, les carburants n’ont pas été livrés à la date annoncée. Au fait, le tanker était présent, dans les eaux internationales, attendant le paiement de la facture en souffrance, avant de livrer la marchandise.

La réalité de la situation était expliquée dans un article signé Roberson Alphonse, dans l’édition du 13 novembre 2020 du quotidien Le Nouvelliste exposant le conflit qui existait entre l’État haïtien, par l’entremise du BMPAD, qui n’avait pas honoré les termes du contrat avec la Prebel-Rish Haïti, une entreprise dans laquelle les deux beaux-frères de Michel Martelly, Gesner Champagne, dit ti-Ges, et Kiko Saint-Rémy, sont des associés, est retenu sous contrat avec le gouvernement haïtien, pour la distribution de produits pétroliers. L’article de M. Alphonse a expliqué que, selon un long communiqué diffusé par la fournisseuse de carburants, l’État d’Haïti n’avait pas fourni la « Lettre de crédit » stipulée dans le contrat. Dès lors, le BMPAD n’était pas en mesure d’effectuer le paiement des factures de manière ponctuelle.

Le caporalisme en action

On ne peut dire, pour l’instant, quel est l’état des relations entre le gouvernement Moïse et la Prebel-Rich, ou bien si un autre fournisseur a été désignée en lieu et place de la société des beaux-frères de Martelly. Dans l’article de Roberson Alphonse, il a été fait état du caporalisme mis à profit par les autorités haïtiennes, privées de moyens de verser les montants dus à cette même compagnie. Aussi des bateaux de guerre ont haïtiens ont-ils été utilisés pour saisir le tanker, qui a été allégé de son cargaison, sans que la facture due ne soit payée.

Il ne serait pas farfelu de dire que cette nouvelle crise d’essence, dont font état les consommateurs, pourrait avoir son origine dans ce conflit ayant existé entre l’État haïtien et la Prebel-Rich Haïti. Dans la mesure où le régime en place n’a jamais cessé de mener ses opérations, surtout financières, dans l’opacité totale, on ignore où en sont les relations entre les deux entités.

En tout cas, si la facture autour de laquelle avait surgi le conflit entre le régime Moïse-Jouthe et Prebel-Rich Haïti reste toujours impayée, il y a fort à parier que le bateau, dont l’arrivée est annoncée dans les 48 heures, ne sera pas au rendez-vous à la date indiquée.

On retiendra que, dans le même article de Roberson Alphonse, la compagnie fournisseuse de produits pétroliers à Haïti avait signalé la mauvaise foi de l’État haïtien par rapport à ses obligations, dans le cadre du contrat relatif à la livraison de ces produits.

Il est aussi possible que, au cas où le conflit n’aurait pas été résolu avant la date de cette livraison, il y ait de fortes chances que le bateau ne livre pas sa cargaison à temps pour permettre au pays d’échapper à ce contretemps. Dans un pareil cas, cette nouvelle crise d’essence pourrait perdurer.

Cette situation surgissant au moment où Jovenel Moïse se trouve confronté à un destin incertain, on ne peut vraiment prévoir comment sera dénouée la crise.


Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur (New York) VOL. L No. 51, édition du 30 décembre 2020, et se trouve en P. 1, 3 à : http://haiti-observateur.org/wp-content/uploads/2020/12/h-o-30-dec-2020.pdf