Le Silence en Murmures chez Patrick Charles : réveil en coups de poing

LITTÉRATURE INTERDITE par Daniel Milord Albertini

  • Le Silence en Murmures chez Patrick Charles : réveil en coups de poing

Comment crier en silence si ce n’est dans une de «ses patries intimes» pour répéter l’autre poète singulièrement dans ses séquences de travail [Dr Joël Des Rosiers], en psychiatrie préférablement, c’est pourtant le défi que se donne Patrick Charles dans son troisième recueil de poésie. Intitulé : Les murmures du silence, ce recueil ne se veut pas de se ressembler aux deux autres qui le précèdent. On dirait, je reste évasif sur l’identité de l’appréciation, que Patrick Charles plus qu’il y a pris goût à ses récits, veut plus que se plaire dans sa bulle, il invite tout maillon de la chaîne à se souder, et à se solidifier sans géographie sans frontières. Si le murmure est le liant à pactiser le silence, on a ici plus qu’un titre fauteur, l’auteur vise plus que sa cause par ce silence.

Déjà en janvier 2020, dans l’article sur Terre de miel aux épines de fiel, je voyais déjà quand j’ai dit sur le ver cassé, dans l’assiette du cuistot abandonné par l’amoureuse partie avec «l’Apollon du bar», que : poète et cuistot se vantent de leurs effets. Voici, ici le silence nous est proposé par le poète comme instrument comme clé de sol actif qui dérange bien plus que ceux qui ne peuvent plus nous dire de nous taire. Ni de nous exprimer. Audace, talents font l’économie pour ce 3e recueil qui ne se dément.

Si j’ai inversé en apparence le titre, ce n’est pas pour rechercher l’effet pervers, il y a chez cet homme une approche qui frise le postulat, lexie que l’on retrouve d’ailleurs dans ce recueil. Est-ce là par défaut, ou par peur d’affirmation, il cache à mon avis un important savoir qui attend la définition de talents appréciés d’autrui pour sortir son grand jeu, littéraire. Si j’ai cité Des Rosiers de Métaspora au début, c’est pour le dire maintenant : qui est cette patrie intime chez Patrick Charles, qui incite à ce silence ?

En fait foi, Les Murmures du silence, P.20 :

…quand mes yeux affamés

Savourent une merveille

De la Nature nourricière,

Mes larmes de joie

Coulent abondamment

En des mots d’allégresse. Ô poésie, tu somnoles

Dans la cale de mon âme.

Sursauts de peur !

Tu flottes sur mes eaux.

Tu es l’expression verbale

De mes émotions…

Originaire et de naissance haïtien, maître des mots, Patrick Charles propose plus qu’une poésie insulaire et mélancolique qui sollicite la pitié, il voyait déjà la station du métro Vendôme depuis le premier essai. Un homme voyageur qui n’a pas fini son voyage même si l’on considère les écarts de ses patries définies. Ce poète plus que la satire aigrie généralement qui pleure sur sa poésie en créant des mots dans un faux néologisme, Patrick Charles va sans objet ni objectif, écouter les gens, soit du regard qui insiste même si parfois furtif, soit d’un sourire qui lui est intérieur sans invitation, soit du silence qui murmure tel qu’il le dit dans ce recueil insolent, il n’a guère de….

Écrivain et parle d«’inversion de l’être» (P.47) in Les murmures du silence, il promet !


Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur (New York) VOL. L No. 51, édition du 30 décembre 2020, et se trouve en P. 3 à : http://haiti-observateur.org/wp-content/uploads/2020/12/h-o-30-dec-2020.pdf