AVANCE-T-ON VERS LA DÉBANDADE AU PALAIS NATIONAL ? par Léo Joseph

AVANCE-T-ON VERS LA DÉBANDADE AU PALAIS NATIONAL ? par Léo Joseph

  • Stratégie d’évacuation rapide des assassins Aller vite en besogne avant le 7 février 2021

Malgré les faux-semblants et les apparences, la présidence haïtienne travaille d’arrache-pied pour qu’elle ne se laisse pas prendre de vitesse par les événements. Les derniers faits qui ont surgi, dans les relations politico-diplomatiques avec la communauté internationale, risquent de déclencher une vague d’incidents malheureux qui balayeront tout sur son passage. L’urgence est de mise, puisqu’il faut évacuer rapidement « les braves collaborateurs » qui ont fait de « grands sacrifices » pour assurer la survie du gouvernement, face à « l’opposition intransigeante et radicale ».

Dans les milieux proches de la présidence, on fait état des démarches en cours, au Palais national, pour que soient libérés, en catimini, les trois hommes présentement emprisonnés au Pénitencier national, sous l’accusation d’avoir comploté ensemble pour assassiner Me Monferrier Dorval. On laisse croire que Martine Moïse, la première dame de la République, accusée d’avoir participé au complot, fait de fortes pressions sur son mari pour qu’il ordonne l’élargissement de son chauffer, Makender Fils-Aimé, ainsi que Dunès Vilpique et Alex Antoine, ce dernier plus connu sous le sobriquet Black, de même que Roland Jaar, un homme d’affaires de la capitale.

Martine Moïse insiste pour que son chauffeur, Makender Fils-Aimé, soit libéré avant le 1er janvier, soulignant qu’il convient d’élargir tous les hommes gardés en prison à cause d’elle. Si l’appel téléphonique qu’elle a eu avec Dunès Vilpique n’avait pas été intercepté par les agents de la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ) ayant décidé de garder ces trois hommes en prison, ils seraient tous libres maintenant.

La première dame en veut à son mari, parce que, dit-elle, n’était-ce son manque d’ – aplomb, il ne serait pas allé jusqu’à faire, à la radio, des révélations relatives à la vidéo de l’assassinat qui lui a été transmise moins de cinq minutes après la mort du bâtonnier. Selon Mme Moïse, les gens commençaient à oublier toute l’affaire, si son mari n’avait décidé, de par lui-même, de faire de telles révélations. C’ est pourquoi, elle demande au président de faire tout en son pouvoir pour libérer les accusés avant la fin de l’année.

Aucune possibilité d’attendre jusqu’au 7 février

Martine Moïse se démène pour faire libérer son chauffeur et ses amis du Pénitencier, parce que, comme son mari et son entourage, tout le monde craint la date du 7 février 2021. En dépit des déclarations faites de temps à autre par celui-là et les membres de son entourage, revendiquant la date du 7 février 2022 comme étant le dé lai légal de la fin de son mandat constitutionnel, en réalité l’équipe au pouvoir a les yeux bien fixés sur la même date, en 2021.

En effet, depuis environ 72 heures, on a constaté une sorte de branlebas ai Palais national et à la résidence privée des Moï se, à Pèlerin 5, tout le monde semblant s’activer, en vue d’une mobilisation, c’est-à-dire, de se préparer à vider les lieux, même sans préavis.

Selon ce qui se répète, dans les milieux proches de la famille présidentielle, celle-ci n’entend pas prendre de chance, car ne sa chant pas sur quoi pourrait dé boucher la situation. En tout cas, vu la détermination affichée par les partis d’opposition et les différents secteurs du pays mobilisés quasiment en permanence contre le chef de l’État et faisant campagne tambour battant pour exiger son départ du pouvoir, le 7 février 2021, Jovenel Moïse et sa famille politique n’excluent pas la possibilité de s’en aller avant cette dernière date. D’où la détermination manifestée par Martine Moïse de faire sortir son chauffeur de prison avant la fin de l’année.

Un verdict de mise en liberté

À l’insistance de la première dame, Jovenel Moïse estime de voir choisir un magistrat pour rendre un jugement de mise en liberté en faveur des hommes accusés de l’assassinat de Me Dorval. Pour cela, on laisse croire qu’il aurait déjà sollicité l’intervention du président du Tribunal de première instance de Port-au-Prince, le juge Bernard Saint-Vil, pour que ce dernier fasse choix d’un juge d’instruction, en vue de traiter le dossier. Il semble que Me Saint-Vil n’ait pas encore trouvé la formule qui lui permettrait d’obtempérer à la demande du Palais national. On prétend encore que ce dernier n’a, toutefois, pas écarté la possibilité de donner satisfaction à la famille présidentielle.

D’autre part, ayant pris vent des démarches entamées auprès du président du Tribunal de première instance de Port-au-Prince, certains membres du Barreau de la capitale surveillent de près les activités à cette Cour. Surtout que certains avocats, mis au courant de telles démarches, estiment, à priori, qu’il y a fort à parier qu’une « offre indécente qui ne peut être refusée » aurait déjà été faite. Serait-ce encore un cas de « Nèg pa fè bak devant greenback»?

Jovenel et Martine, cap sur l’Europe ?

Il semble que les démarches longtemps entamées, en vue de trouver un lieu d’asile pour le couple présidentiel haïtien, s’accélèrent depuis plus d’une semaine et que celui-ci compterait mettre le cap sur l’Europe.

Dans les milieux intimes de la présidence, on affirme qu’aucune décision n’a encore été prise quant à l’ultime choix du séjour en exil des époux Moïse. D’aucuns font croire que l’Espagne serait pays choisi par eux pour passer leur exil doré. Bien que le Portugal resterait un second choix. En tout cas, on se rappelle que le couple avait fait l’acquisition de deux villas, une dans chaque pays.

En attendant, Jovenel Moïse et la première dame n’aimeraient pas quitter le pays en catastrophe sans s’assurer de l’évacuation heureuse de leurs proches, surtout ceux qui ont exécuté leurs sales besognes. L.J


Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur (NYC, USA), édition du 16 décembre 2020, VOL. L No. 49 et se trouve en P. 1, 9 à : http://haiti-observateur.org/wp-content/uploads/2020/12/H-O-16-dec-2020.pdf