la Tournée Estivale 2018 des Groupes Musicaux et la Réalité du Moment en Haïti par Robert Noël
La musique n’a pas de saison. Cependant, le marché de la musique peut subir les influences des hautes et basses saisons de l’année. Ce qui confirme le côté business de la musique. La Coupe du monde de football 2018 a créé un grand impact sur le marché konpa dirèk, ce qui ressemble bien aux caractéristiques des basses saisons. Les groupes musicaux haïtiens attendent que le Mondial se termine pour reprendre leurs activités, entre autres, entreprendre leur tournée estivale traditionnelle
en Haïti. Mais, le ciel paraît très nuageux en Haïti avec la nouvelle crise politique.
La perturbation des activités nocturnes
Avant l’élimination de l’Argentine de la Coupe du monde, certains promoteurs espéraient que les soirées dansantes, qu’ils avaient programmées, seraient rentables. Ils se rabattaient sur le Brésil, pensant que cette sélection irait en demi-finale. Il n’existe vraiment aucune logique en foot-ball. « Nou paka konte ze nan vant poul ». Les pronostics n’ont pas été confirmés, puisque le Brésil a emprunté le même chemin que l’Argentine, le vendredi 6 juillet dernier.
Il semble que les dirigeants politiques d’Haïti aient aussi misé sur une victoire du Brésil. Ils avaient profité du déroulement de cette rencontre pour annoncer la hausse des prix des produits pétroliers, pensant qu’une victoire du Brésil aurait détourné les esprits et incité les fans de cette sélection à célébrer dans l’euphorie. Tel n’a pas été le cas. On a vu la réaction collective des gens qui ont envahi les rues de la capitale et de quelques villes de province pour briser, piller et incendier des maisons de commerce. On a même enregistré des pertes en vie humaine. C’est grave !
Cette défaite du Brésil a provoqué la frustration de la majorité. On a su que la chute du Brésil aurait fait des mécontents. Est-ce pourquoi nous avions dit qu’on ne doit pas laisser un match de foot perturber le calme entre citoyens d’un même pays. Dans le même article, nous avions signalé que la violence n’a
jamais été une solution. Voilà qu’aujourd’hui Haïti connaît une crise politique dont le dénouement ne sera pas pour demain. Les groupes musicaux, qui, d’habitude, partent en tournée estivale en Haïti, vont certainement ressentir les effets de cette crise. L’insécurité a maintenant atteint son paroxysme.
Les groupes musicaux doivent inévitablement penser à un plan B
On ne peut pas vraiment prédire l’avenir avec exactitude, mais on sent que les activités nocturnes seront grandement affectées par cette situation de tension qui règne au pays actuellement. On est unanime à reconnaître que la Coupe du monde de foot a eu un impact sur le marché konpa dirèk, mais cela sera beaucoup plus grave avec la montée en force de l’insécurité causée par les derniers événements. Pendant le déroulement du Mondial, l’industrie konpa dirèk a été sévèrement frappée. Les soirées dansantes n’ont pas vraiment attiré la grande foule.
Des groupes musicaux connus n’ont attiré qu’entre 300 et 400 personnes dans des clubs dont la capacité d’accueil varie entre 1500 et 2 000. Pourtant, les disc-jockeys (DJ) tirent leur épingle du jeu parce qu’ils offrent des avantages que des promoteurs de soirées ne sont pas en mesure de présenter. L’admission aux soirées des disc-jockeys (DJ) est abordable à toutes les bourses. Par exemple, le vendredi 29 juin, le Club Aura, à Elizabeth, New Jersey, à quelques mètres du Club Envy, avait attiré plus de gens que la double affiche VAYB-Zenglen, simplement pour les raisons évoquées. C’est ce qui avait empêché que la soirée VAYB-Zenglen au Club Envy n’ait pas fait salle comble.
Considérant la situation actuelle en Haïti, l’on se demande comment des responsables d’orchestres et des promoteurs peuvent espérer que des gens aillent aux bals en cette période d’instabilité. Ils doivent aussi se rappeler qu’on est en pleine période cyclonique. Il faut qu’ils cherchent d’autres possibilités pour palier à ces inconvénients. Il leur faut un plan B. Puisque la Coupe du monde touche presqu’à sa fin, une lueur d’espoir semble luire pour les groupes qui résident aux États-Unis, particulièrement en Floride. Mais il faut qu’ils entreprennent des démarches pour essayer de trouver des contrats dans leur zone de fonctionnement. On souhaite que les groupes musicaux fassent l’étude du marché pour prendre de bonnes décisions en ce moment si difficile.
cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti Observateur, édition du 11 juillet 2018, P. 16 et se trouve à : http://haiti-observateur.org/wp-content/uploads/2018/07/H-O-11-juillet-2018.pdf