On parle déjà de grincements de dents chez Jovenel Moïse et les PHTKistes… par Léo Joseph

Trois membres influents du Congrès américain se positionnent

  • DES SIGNAUX CLAIRS SUR LA FUTURE POLITIQUE AMÉRICAINE VIS-À-VIS D’HAÏTI
  • On parle déjà de grincements de dents chez Jovenel Moïse et les PHTKistes… par Léo Joseph

Le vent a définitivement changé, du côté de Washington, par rapport à la politique de la future administration américaine à l’égard de l’équipe PHTKiste, en passe d’installer une dictature en Haïti. Suite à une série de déclarations émanant de la communauté internationale, en général, et des secteurs politiques et diplomatiques des États-Unis, on comprend pourquoi, dans certains secteurs politiques, à Port-au-Prince, on laisse croire que l’inquiétude a atterri au Palais national. On peut même dire qu’après la mise au point de trois puissants congressistes démocrates sur les récents événements survenus au pays, on comprend pourquoi, d’aucuns font état d’un branle-bas au sein de l’Exécutif haïtien.

En effet, à la date du lundi 22 décembre 2020, Andy Levin, démocrate du Michigan, membre de la Commission des Affaires étrangères du Congrès américain; Gregory Meeks (démocrate de New York), nouveau président de la Commission des Affaires étrangères du Congrès américain; et Albio Sires (démocrate du New Jersey), président de la sous-Commission de l’Hémisphère occidental, de la Sécurité ci vile et du Commerce, ont diffusé une mise au point concernant les récents événements survenus en Haïti, dont certains ont suscité tant de controverses, voire d’émoi, notamment, dans les milieux démocratiques.

D’entrée de jeu, les trois parlementaires, sans langue de bois, précisent que dès l’ouverture des travaux, au Congrès, ils vont lancer des initiatives afin d’apporter un appui non équivoque à ceux qui se battent pour les droits hu mains, qui mènent la lutte contre la corruption et œuvrent inlassablement pour protéger les victimes d’actes criminels qui se sont multipliés à un rythme inquiétant sous le régime Moïse-Jouthe. Dans cette même mise au point, MM. Levin, Meeks et Sires parlent du lancement de nouvelles initiatives, en vue d’inciter d’autres acteurs et al liés internationaux dans la campagne […] vernement en Haïti, précisant qu’ils soutiennent totalement une « transition crédible», en Haïti, dont la principale tâche consiste à favoriser le retour à l’ « ordre constitutionnel ».

Voici, pour l’édification des lecteurs, le texte intégral de cet te mise au point.

« En tant que membres de la Chambre des représentants, nous avons passé ces dernières semaines à travailler de manière urgente, en vue d’apporter une ai de en urgence au peuple américain, dans le cadre des catastrophes sanitaires et économiques de la COVID-19. Nous voulons que nos amis d’Haïti sachent, cependant, que nous observons toujours avec une in quiétude crois – sante ce qui s’y passe. Le président haïtien, Jovenel Moïse, poursuit une ligne de conduite de plus en plus autoritaire, en publiant récemment une série de décrets prévoyant, notamment, la création d’une force de « renseignement » nationale extraconstitutionnelle. Ses dernières actions rappellent les abus anti-démocratiques que le peuple haïtien a subis dans le passé, y compris la période ayant précédé la dictature de Duvalier. Nous ne resterons pas les bras croisés pendant qu’Haïti sombre dans le chaos.

« Lorsque le 117e Congrès se réunira, le soutien aux acteurs démocratiques en Haïti sera une préoccupation majeure pour ce comité. Nous agirons de manière urgente, de concert avec le nouveau gouvernement Biden, en vue de forger une politique américaine qui priorise les droits et les aspirations du peuple haïtien, et qui appuie une transition crédible, menée par les Haïtiens, vers un retour à l’ordre démocratique. Nous inciterons les institutions et les alliés internationaux à coordonner une stratégie multilatérale pour faire face à la crise haïtienne actuelle; et nous engagerons à poursuivre la responsabilisation des fonctionnaires haïtiens qui ont commis des violations des droits de l’homme et des actes de corruption. En tant que membres de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, nous considérons qu’il est de notre responsabilité de suivre les événements en Haïti et de travailler en étroite collaboration avec les organisations de la société civile haïtienne et les citoyens de bonne volonté qui recherchent la paix et la démocratie dans leur pays. Nous assurons au peuple haïtien que, dans la lutte pour juguler les crises auxquelles nous sommes confrontés dans notre propre pays, nous n’oublierons pas nos voisins, ni notre engagement à protéger leurs droits de l’homme».

Le 7 février 2021 : Une gageure pour Jovenel Moïse

À la suite des derniers événements survenus dans la politique et la diplomatie internationales, d’aucuns sont tentés de dire que la date du 7 avril 2020 constitue une gageure pour Jovenel Moïse. Les dénonciations qui ont été faites concernant sa gestion politique et administrative, en général, surtout, en ce qui concerne les violations systématiques des droits humains, diminuent ses chances de compter sur l’appui de ses supporters traditionnels, le CORE Group et l’ambassade des États-Unis pour doubler le cap du 7 février 2021.

Comme on dit en créole, « abse sou klou ». Si, après les sorties du CORE Group, de l’ambassade des États-Unis et le Département d’État contre sa politique, Jovenel Moïse entretenait encore quelque espoir que, au cas où il continuerait à miser sur cette longue, collaboration qu’il a eue avec ces entités, la dernière mise au point des trois parlementaires américains fait tout basculer dans le néant.

De toute évidence, le vent ayant changé, Jovenel Moïse et son équipe sont condamnés aussi à changer leur fusil d’épaule. En tout cas, il semble que les derniers millions qu’il est en train de dépenser, en vue de soutenir son standing auprès des puissances tutrices, risquent de ne pas donner les résultats escomptés. Reste à voir le comportement des policiers dévoyés du Palais national, face aux manifestants que se préparent à descendre dans la rue, avant le 7 février.

Il faut également observer l’évolution des gangs armés, dans les prochains jours. D’ores déjà, dans plusieurs milieux politiques de Port-au-Prince, on parle de nouveaux mots d’ordre que le Palais national devrait donner aux preneurs d’otages contre rançon. À coup sûr, les regards des représentants des pays étrangers sont bien braqués sur les caïds de l’insécurité, qui sèment la mort et le deuil dans les familles avec impunité. Surtout que les trois parlementaires américaines, MM. Levine, Meeks et Seres ont mis en garde les assassins, les kidnappeurs et les gangs armés, mais surtout leurs commanditaires, qu’ils seront « responsables » des violations des droits humains qui sont commis à travers Haïti. L.J.


Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur (New York) VOL. L No. 50, édition du 23 décembre 2020, et se trouve en P. 1, 2 à : http://haiti-observateur.org/wp-content/uploads/2020/12/H-O-23december-2020.pdf