Joe Biden : Comment protéger les réfugiés haïtiens de la déportation par Emmanuel Roy
Il est désormais évident pour Donald Trump qu’aucune contestation juridique ne pourra annuler le résultat de l’élection présidentielle. En toute objectivité, Joseph « Joe » Biden prêtera serment, le 20 janvier 2021, en tant que 46e président des États-Unis. Le nouveau chef d’État aura de nombreuses questions urgentes à traiter, notamment la pandémie du coronavirus, l’économie, les relations raciales, le changement climatique, et d’autres encore. Mais pour les réfugiés haïtiens, honduriens, nicaraguayens et salvadoriens, dans l’hémisphère occidental, ainsi que ceux de six autres pays d’Afrique et d’Asie, dont le TPS (Statut de protection temporaire) a été résilié par Donald Trump, la meilleure chose qu’un nouveau président Biden puisse faire pour eux est de signer immédiatement un décret renouvelant ce protocole pour les milliers de réfugiés se trouvant dans les limbes.
Le préambule de la déclaration de politique générale de Biden sur l’immigration se lit comme suit : « Des générations d’immigrants sont arrivés dans ce pays avec à peine plus que les vêtements qu’ils portaient sur le dos, l’espoir dans leur cœur et le désir de revendiquer leur propre part du rêve américain. C’est la raison pour laquelle nous avons constamment été capables de nous renouveler, de nous améliorer et de nous renforcer en tant que nation, en sus de relever de nouveaux défis. L’immigration est essentielle à notre identité nationale, à nos valeurs fondamentales et à nos aspirations d’avenir. Sous une administration Biden, nous ne tournerons jamais le dos à ce que nous sommes ou à ce qui nous rend uniques et fiers d’être Américains. Les États-Unis méritent une politique d’immigration qui reflète nos plus hautes valeurs en tant que nation ».
En ce qui concerne le TPS, la déclaration de politique générale affirme que dès son entrée en fonction, le président Biden «ordonnera une révision immédiate du statut de protection temporaire (TPS) pour les populations en situation vulnérable exposées à l’insécurité dans leur pays déchiré par la violence, ou en proie à la catastrophe ». Cette promesse inclut-elle les réfugiés haïtiens ?
Durant la campagne, le candidat Biden s’est rendu à Little Haïti, à Miami, promettant à la communauté haïtiano-américaine qu’il soutiendrait une réforme en matière d’immigration qui permettrait d’apaiser ses inquiétudes. À noter que les Haïtiano-Américains ont voté massivement pour lui, grâce à l’œuvre colossale effectuée par la consultante politique haïtiano-américaine Karen André et l’organisation de base la Haitian Power House of Florida, avec l’aide d’organisateurs communautaires nationaux, tels que Fritz Clairvil, Bernice Fidélia Morris, Jensen Desrosiers et d’autres.
Si le candidat a mentionné spécifiquement les Vénézuéliens, en ce qui concerne le TPS, à plusieurs reprises, il a omis de mentionner les Haïtiens ou les centaines de milliers de personnes d’Amérique centrale et d’ailleurs. Sa déclaration distingue clairement les Vénézuéliens pour la protection du TPS mais fait seulement allusion à « la protection des autres », c’est-à-dire les Haïtiens, les Salvadoriens, les Honduriens et ceux d’Afrique ou d’ – Asie, dont la protection passera par une solution législative. Actuellement, la date d’expiration du statut TPS est fixée au 4 janvier 2021 pour 2 500 réfugiés du Nicaragua, 46 000 d’Haïti, 67 000 du Honduras et 195 000 du Salvador. Le président Trump, dont le mandat officiel se termine le 20 janvier 2021, va-t-il procéder à leur expulsion avant que M. Biden ne prête serment ? Il va sans dire qu’il est urgent qu’un décret soit pris, en vue de leur assurer une protection immédiate. Bien entendu, le statut permanent de tous les détenteurs du TPS sera finalement décidé par voie législative.
Depuis qu’il a prêté serment, le président Trump a, par le biais de décrets, réduit l’immigration légale de près de 50 %, sans promulguer un seul texte de loi. Il a laissé le TPS expirer tout en refusant de le renouveler, même après avoir promis, en 2016, à la communauté haïtienne de Little Haiti qu’il serait leur « plus grand cham pion » (sic). Il a interdit l’entrée aux États-Unis des personnes originaires de pays musulmans; il a cherché à faire annuler le DACA, le programme d’action différée concernant les enfants dont l’arrivée a été approuvée par l’administration Obama. Il a fallu un arrêt de la Cour suprême pour protéger le statut juridique de plus de six millions de bénéficiaires du DACA.
La réforme de l’immigration par voie législative prendra du temps et pourrait ne pas se faire pendant le premier mandat d’une administration Biden, surtout si les républicains conservent le con trôle du Sénat. Présentement, les démocrates se trouvent en ballottage dans deux courses finales, en Géorgie, dont les résultats détermineront quel parti aura le contrôle du Sénat. Si les démocrates y parviennent, une réforme ambitieuse de l’immigration sera moins difficile pour le président Biden qui aura l’occasion d’apporter des changements significatifs à la politique d’immigration américaine. Mais, quel que soit le parti qui détient la majorité au Grand Corps, le président doit recourir à un décret pour aider les titulaires du TPS, dont certains vivent aux États-Unis depuis plus de dix ans.
Le président Trump a modifié la politique d’immigration par des décrets, des proclamations et des règlements. M. Biden peut tous les annuler par ses propres décrets et proclamations sur l’immigration. En plus de renouveler le TPS pour tous les réfugiés qualifiés, le président Biden devrait également lever l’interdiction d’entrée des personnes originaires de pays musulmans. Tout cela peut se réaliser dans les 100 premiers jours de l’administration Biden.
Les réformes en matière d’immigration ont une histoire en dent de scie, qui remonte au premier mandat de l’administration Obama et s’est poursuivie jusqu’à l’administration Trump. En effet, une action législative pourrait faciliter l’obtention d’un statut légal, aux États-Unis, mais cela pourrait ou non se faire aussi rapidement. Les personnes qui vivent paisiblement ici depuis de nombreuses années ne devraient pas avoir à mettre leur vie en suspens et à rester dans les limbes, alors que le président, d’un trait de plume, peut changer le cours de leur vie.
Pendant la campagne présidentielle, Donald Trump a tenté d’effrayer les gens du Minnesota au sujet de Joe Biden, qui avait transformé leur État en camp de réfugiés. Utilisant des tactiques alarmantes auprès des électeurs blancs, les agents de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) ont affiché les visages d’immigrants à la peau foncée sur des panneaux d’affichage dans des États comme le Wisconsin, le Michigan, l’Ohio et la Pennsylvanie. Cela n’a pas dissuadé la majorité des Américains de voter pour le changement, et ce changement doit inclure la protection des réfugiés haïtiens ainsi que celle des autres.
La communauté haïtiano-américaine peut avoir des raisons d’espérer un changement positif dans la politique d’immigration amé ricaine. Deux membres du personnel de la campagne Biden, Karen André et Karine Jean-Pierre, sont d’origine haïtienne et devraient toutes deux rejoindre l’administration. La question de savoir si leurs voix auront du poids auprès de la nouvelle administration est une autre affaire. * Manny@Truenewsblog.com 202-880-2638 Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)
Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 18 novembre 2020 VOL. L No. 45, NYC USA et se trouve en P. 12, à : http://haiti-observateur.org/wp-content/uploads/2020/11/HO18Nov2020.pdf