La Survie de l’Hôtel IBO Lélé Entravée par de Sérieuses Contradictions

LA SURVIE DE L’HÔTEL IBO LÉLÉ ENTRAVÉE PAR DE SÉRIEUSES CONTRADICTIONS

  • Rixe entre acheteur et vendeur dégénérée en corps-à-corps Par Léo Joseph

Depuis déjà quelque temps, les relations entre les sœurs Baussan, propriétaires de l’hôtel Ibo Lélé, et Fritz Paret, l’acheteur en possession de l’établissement, voilà déjà près d’un an, n’ont jamais évolué
dans la paix et la convivialité favorables à la bonne marche des affaires souhaitables à la relance d’une institution touristique en agonie depuis plusieurs années. Les choses ont mal tourné, ce dernier week-end, entraînant des affrontements physiques, voire des rixes, samedi soir, suivies, le lendemain, d’un véritable corps-à-corps qui a fait saigner au visage un des pugilistes. Dès lors, l’avenir d’Ibo Lélé est mis en doute, car tant du côté des vendeurs que de celui des acheteurs, la situation financière se révèle
très inquiétante.

Les relations ponctuées d’échanges vifs et agressifs entre M. Paret et Mme Beausset-Noël, tout au long des mois derniers, ont connu une escalade violente lorsque cette dernière, accompagnées de son fils et de sa fille, respectivement Dito Raymond et Nastassia Raymond (petits-enfants du défunt général Claude Raymond), aux fins de photographier les batteries de cuisine mises en service sans autorisation, à l’occasion de la commémoration d’un anniversaire de naissance. Sachant que son droit
de propriétaire se trouve en litige et craignant que l’irruption de Mme Baussan-Noël et ses enfants sur les lieux ne lui portent préjudice, dans le cadre d’une éventuelle décision judiciaire, Fritz Paret est intervenu pour interdire l’entrée de celle-là dans la cuisine. D’où les bousculades constatées, durant plusieurs minutes, ayant dégénéré en une violente gifle infligée à Fritz Paret par Nastassia, en sus d’un coup de poing au dos par Dito. Les agents de sécurité affectés à l’hôtel n’ont pas manqué de pousser
Elsa Baussan et sa fille, tandis que son fils s’est mis à l’écart pour éviter les représailles de Paret.

Après une telle scène, plus rien ne peut garantir que ce dernier gardera ses droits de propriétaire d’Ibo Lélé. Ni comment les sœurs Baussan vont faire valoir la légitimité de leur possession. Puisque personne ne sait quelle attitude vont adopter leurs créanciers, notamment la Direction générale des impôts (DGI), la Banque nationale de crédit (BNC) et l’Office national d’assurance vieillesse (ONA).

Un match de boxe non payé au restaurant Kokoye de Pétion-Ville

La bagarre qui avait éclaté, la veille, au soir, à l’hôtel Ibo Lélé, a continué encore, le lendemain, au-delà de cette institution. Car au moment où Fritz Paret venait de terminer son dîner au restaurant Kokoye, qui se trouve à la Place Boyer, à Pétion-Ville, s’a- menait Dito Raymond.

Selon le témoignage de té- moins fiables, Paret s’est dirigé vers son agresseur de la veille pour lui dire qu’il allait le « tabasser » pour l’avoir frappé hier soir. Aussi a-t-il dit à Dito : Yè swa ou banm youn kout pwen epi ou wete kò w mwen pa t gen tan renmèt ou li. Kounye a met gason sou w pou w kòresponn
avè m ».

Sur ces entre-faits, Paret a administré un premier coup de poing au visage de Dito qui l’a renversé de toute sa longueur. Paret l’a relevé pour lui infliger un second qui l’a envoyé encore sur le parquet. Faute d’arbitre pour partager les pugilistes, des clients présents sont intervenus et ont pu libérer le jeune homme, mais pas suffisamment tôt pour lui épargner les blessures qu’il a encaissées.

Les sœurs Baussan en difficulté avec l’ONA En ce qui concerne les sœurs Baussan, Mme Elsa Noël est
l’objet d’une injonction émise par l’ONA, en date du 6 septembre, déposée au domicile de celle-ci, à l’hôtel Ibo Lélé, par le huissier Pierre Louis Guerre, lui demandant de payer, « dans un délai d’un jour franc à payer au requérant par chèque de direction fait au nom de l’Office national d’Assurance Vieillesse avec accusé de réception, es-mains des avocats du dit Office domiciliés au siège principal de
l’ONA sis à l’autoroute de Delmas, plus précisément en face de Delmas 17, ou à moi huissier, porteur des présentes, chargé de donner valable quittance : « la somme de vingt-quatre millions deux cents quatre-vingt-douze mille huit cents quatre-vingt-dix-neuf et 42/100 (24 292 899,42) gourdes représentant le solde de la créance due en principal, intérêts et pénalités sur l’achat d’un véhicule avec la description suivante : Toyota Land Cruiser S/W; 2016; 8 cylindres; sièges en tissus; transmission
automatique; portes électriques; rétroviseurs électriques; vitres électriques; direction assistée ».

Dans le même document, il est aussi indiqué le versement d’un montant additionnel de « deux millions quatre-cents vingt-neuf mille deux cents quatre-vingt-neuf et 94/199(2 429, 289. 94)  Gourdes représentant les 10 % d’honoraires des avocats poursuivant ».

Il y a fort à parier que la dette de ces dames à l’égard d’autres entités financières est également en état de défaillance. Dans pareille cas, il y aurait de fortes chances qu’elles prennent des dispositions semblables à celle de l’ONA.

Fritz Paret en porte à faux par rapport au sœurs Baussan

Si les sœurs Baussan, qui avaient décidé de vendre leur hôtel à Fritz Paret, ont des problèmes avec des instituions prêteuses, comme l’ONA, ce dernier se trouve en porte à faux par rapport au propriétaires originales d’Ibo Lélé.

En effet, M. Paret, l’acquéreur de l’hôtel au coût de USD 6 millions $, n’a pas été en mesure de respecter ses engagements à l’égard des vendeuses au nom desquelles Elsa Baussan-Noël
avait pris l’initiative de conclure l’affaire. Il semble que sa décision ait été justifiée par les difficultés auxquelles elle et ses sœurs étaient confrontées : Dettes envers l’ONA, la BNC et des factures fiscales que l’hôtel doit à la DGI, ces femmes en avaient par-dessus la tête. Dans la mesure où les acquéreurs potentiels hésitaient à faire l’ultime geste, Elsa croyait avoir trouvé un « bon » candidat en la personne de Fritz Paret.

Selon des sources proches de ce dernier, l’affaire a été conclu pour près de USD 6 millions. Selon le protocole signé chez le notaire Jean Henry Céant, l’actuel Premier ministre, l’acquéreur s’était mis d’accord pour verser USD 400 000 $ dans un délai ne dépassant pas trois mois. Mais l’acheteur n’a pas respecté l’échéance. Confrontée à ce contretemps, car les débiteurs de Mme Baussan-Noël se montraient impatients, celle-ci s’est laissée attendrir par l’acquéreur qui a baissé le solde à USD 300
000. Encore une fois, Paret n’a pu produire la somme attendue. De toute évidence déconcertée
par une situation qui ne cesse de s’aggraver, Elsa Baussan a accepté une dernière proposition de
Paret promettant de verser USD 150 000. Au bout du compte, l’acquéreur a émis un chèque à l’ordre des vendeuses, qui n’ont pu encaisser la valeur, le chèque ayant été déclaré « sans provision » par la banque où le compte de M. Paret se trouve en résidence.

Voilà pourquoi Elsa Baussan et Fritz Parent sont à couteaux tirés.Au point où en sont les relations, impossible de savoir qui finira par tirer profit de cette affaire. De toute évidence, Fritz Parent n’a pas l’air de posséder les atouts financiers qui lui permettraient de faire une dernière offre à la baisse et de trouver les fonds pour payer le montant conclu. Surtout que, parallèlement, il devait verser une mensualité de USD 20 000 dont, apprend-on, même pas une seule n’a jamais été payée.

Autre problème de Paret : Il est confronté à une situation similaire à Kaliko Beach Hôtel, sur la Route nationale numéro 1, au niveau de Montrouis, dont il a fait l’acquisition dans les mêmes conditions, sans pouvoir honorer les échéances.

Du côté des propriétaires d’Ibo Lélé, les sœurs Baussan n’ont pas les moyens financiers pour remettre l’hôtel en état de fonctionner. Après des années d’inactivité sans que des réparations, qui sont un passage obligé, ne soient effectuées, il y a de fortes chances que le prochain acheteur n’offre qu’une pitance, sous prétexte qu’il va falloir investir USD millions sur millions pour mettre au niveau du standard des années 2000 un hôtel qui avait ses jours de gloire durant les années 40 finissant à début 80. L.J.


Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 10 octobre 2018 et se trouve en P.1, 7 à : http://haiti-observateur.org/wp-content/uploads/2018/10/H-O-10-octobre-2018.pdf