La Formation Disip dans l’œil d’un Sévère Tourbillon par Robert Noël
Tout ce que l’homme ne peut comprendre est mystère, et tout ce qu’il ne peut savoir demeure secret. Cependant, il est dit dans les Saintes Écritures qu’il n’est rien de caché qui ne doive être découvert, rien de secret qui ne doive être connu et mis à jour (Luc 8 :17). Un mystère est tout ce qui dépasse l’entendement de l’humain, c’est-à-dire tout ce qui est inaccessible à l’homme.
On dit souvent que la vie est mystère, simplement parce que l’homme ne détient pas le pouvoir lui permettant de la manipuler à sa guise. Autrement, tout le monde serait riche sur cette terre de vanité. Aujourd’hui, on est témoin d’une situation de tension au sein du groupe Disip, qui expos problèmes de cette formation musicale, se trouvant dans l’œil d’un sévère tourbillon.-
La rectitude définit le caractère de l’homme
Le groupe Disip a été présenté sur les fonts baptismaux, le 4 avril 2010. Il donc est à sa huitième année d’existence. Il a connu la gloire, car ayant reçu la bénédiction du grand public. Il a su tenir bon, bien que l’opinion publique ait fait croire qu’il s’agissait simplement d’un phénomène de curiosité du grand public. Certains interprétaient le succès de Disip comme une pluie passagère « a passing shower ». Disip avait prouvé le contraire pendant un an. Puis, c’était la débandade, justifiée par la défection en cascade des membres originaux de ce groupe musical.
Après l’exode, un autre groupe de musiciens avait intégré la formation Disip, parmi eux Makenson Saint-Fleur, ce guitariste qui a un cheminement musical indubitable. On ne dit pas qu’il est le meilleur guitariste de l’industrie musicale konpa dirèk, mais il avait montré sa capacité en tant que musicien. De la tendance « Racine », il a réussi une bonne transition vers le konpa dirèk, où il s’est fait un nom. Et, Disip a bénéficié non seulement de son talent, mais également de sa compréhension et de sa loyauté, puisqu’il a souffert avec Gazzman Couleur pendant les périodes de disettes qu’avait connues Disip.
Makenson est mieux connu sous le sobriquet de Makiki, un nom que, peut être, Gazzman lui avait donné pour montrer l’esprit de familiarité. Le chanteur lui avait confié le titre de maestro, comme cela a été le cas avec Gabriel Laporte, son prédécesseur. En dépit de tout ce qu’on peut dire de Disip, il demeure l’un des rares groupes musicaux qui jouent un konpa à l’équerre, à point dans ses prestations live. Ce groupe avait remis les pendules à l’heure en produisant un nouvel album de bonne facture « Klere yo », mais Gazzman n’a pas su bien gérer le succès de l’album; et Disip en souffre grandement.
L’ancienneté dans ce monde konpa dirèk ne garantit pas le respect
Sans préavis, Makenson a été démis de ses fonctions de maestro, avec l’intégration de Drasso, l’ancien bassiste de Zenglen. Gazzman a sa façon d’amadouer les musiciens en leur faisant croire qu’ils sont importants. Il fait des promesses de campagne qui, au fil du temps, ne se concrétisent pas. Gabriel Laporte s’est échappé de ce filet qui lui a été tendu. Il ne s’est pas laissé prendre à ce piège. Il a dû laisser Disip, li gen nen fen. Il faut signaler que Drasso, après sa première défection du groupe Zenglen, avait fait des déclarations publiques, à savoir qu’il abandonne le monde konpa dirèk à jamais. Que vient-il faire dans cette galère aujourd’hui ? Il doit comprendre que la danse de Disip s’exécute sur un pied et non sur deux, comme il se plaît à le croire. Le jour même de ses déclarations publiques, on sut qu’il s’agissait d’un mensonge joyeux.
Ce sont donc ces comportements des musiciens du monde konpa dirèk qui portent le public à dire qu’on ne doit jamais se fier à leurs paroles. Tant d’exemples permettent de confirmer une telle assertion. Ils vont et reviennent, comme dans le film « Je vais, je tire et je reviens ». Dobodo, Dano, deux anciens claviéristes/keyboardistes de Disip, et d’autres artistes de l’univers konpa l’ont aussi prouvé. Drasso aurait dû considérer le fait que Makenson a occupé la fonction de maestro de Disip avant lui, et cela pendant longtemps, et qu’il a traversé les plus dures crises qu’a connues cette formation, sans jamais fléchir ni abandonner la barque en pleine mer agitée. Souvent, certaines formes d’ambition rendent aveugles les faibles d’esprit et inhibent leur capacité de jugement.
Le nouveau bassiste de Disip devrait réfléchir un peu plus avant d’assumer le rôle de maestro. D’après les rumeurs, c’est une condition qu’il avait imposée à Gazzman Couleur pour intégrer cette formation musicale. Danger, haute tension ! Dans cette même veine, on ne doit pas s’étonner que Makenson revienne au sein de Disip, après tant de vacarme et de tergiversions. Tout homme équilibré doit observer la rectitude en tout temps et en tout lieu. Les enfants de la veuve et de l’orphelin diraient : la rectitude, par le signe et par la batterie, par l’acclamation patriotique — Liberté, égalité et fraternité. L’homme droit ne saurait être un mollusque. Il en est de même d’un musicien qui valorise son talent, s’il en est conscient et y croit.
Aujourd’hui, les nuages s’amoncellent autour de Disip. Lapli pral tonbe. Disip aura besoin d’un parapluie, si les responsables du groupe ne prennent pas les mesures nécessaires en utilisant d’autres stratégies de promotion. Ce groupe ne vend pas du « konpa pèpè ». Gazzman doit comprendre que, malgré la générosité de titre confié à Drasso, celui-ci quittera Disip au moment le plus inattendu — li prale san bri san kont. Ce bassiste n’acceptera pas de souffrir quand rien ne marche. Il l’a déjà fait. Il n’a pas la résilience de Makenson. Ou chanje chemiz pou moun ki swe pou ou. C’est à ce même Makiki que Gazzman lançait un appel, au cours des prestations de Disip, pour lui demander de jouer pour le public : Makiki jwe pou yo.
L’instabilité au sein de Disip est palpable et l’hypocrisie prend une nouvelle forme
Gazzman n’est pas un instrumentiste. Il n’a aucune connaissance musicale. Sa façon d’agir peut laisser l’impression à tous ceux qui ne maîtrisent pas, comme lui, les théories de la musique, qu’il est un musicien complet. Non, non et non.Au moins, il mérite un certain crédit à cause de son honnêteté, puisqu’il le sait et le dit. Est-ce pourquoi il se garde de jouer le rôle de maestro. Si on lui dit qu’une chanson est en Do, et qu’on lui demande quels sont les accords à utiliser dans cette composition musicale, il va certainement donner sa langue au chat. Donc, il aura toujours besoin d’un musicien qui s’y connaît autour de lui. Un fait qu’on trouve normal.
Au cours d’une récente interview qu’accordait Makenson Saint-Fleur à un jeune animateur, Gazzman a fait irruption. L’ex guitariste de Disip était l’invité du jour à l’émission. Gazzman s’est présenté au studio, avec la complicité de l’interviewer. On voit clairement qu’il avait fait un pré-réarrangement avec le chanteur de Disip, pour qu’il vienne au studio pendant que Makenson donnait sa version des faits liés à son retrait de cette formation musicale. Dodo, le présentateur de l’émission, est bel et bien complice. Il ne se concentrait même pas sur ce que disait Makiki. Il ne pouvait cacher son impatience, attendant l’arrivée de Gazzman Couleur au studio. Un tel traitement manifesté à l’endroit d’un ancien collaborateur est indigne d’un collègue musicien. Surtout, quand on sait que cet artiste se tenait aux côtés du chanteur lorsque Disip faisait face aux plus grandes difficultés de son existence. Ceci est un signal clair donné aux autres musiciens. On serait tenté de répéter que « la reconnaissance est une lâcheté ».
Cet acte du présentateur a non seulement prouvé son manque de professionnalisme, mais également son faible caractère de magouilleur et sa personnalité « vire m debò ». Au su et au vu de tout le monde, il a fait une telle mise en scène, sans se masquer le visage. Il magouille bien (J.R.Noël). Son action lui enlève l’estime du grand public et lui fait perdre toute la crédibilité qu’il avait acquise au fil des ans. Sans être un instrumentiste, et sans connaissance musicale, Gazzman veut aujourd’hui pointer du doigt les points faibles de l’ex-guitariste de Disip, un fait que le présentateur de l’émission n’aurait pas dû accepter, puisqu’il est aussi un musicien — un instrumentiste. Gazzman n’est pas le seul qui soit aveugle musicalement dans ce monde de fausses célébrités. Nou mele ! Ka nou grav !
Il n’est jamais trop tard pour apprendre
Contrairement à ce que le chanteur de Disip a toujours fait croire, il n’a pas prouvé la bonté de cœur ni non plus son humilité dont il se vente souvent. Tout d’abord, il n’a pas accepté la poignée de main que lui offrait Makenson, alors qu’il se vante d’être chrétien. Voilà un chrétien qui ne respecte pas les préceptes enseignés par la religion qu’il pratique et qui ne comprend pas que l’humilité est signe d’amour et de respect. Il a préféré utilisé un alibi pour traiter Makenson de menteur et d’hypocrite, sachant que l’émission était en direct, en ligne. Puis, dans ses promesses de campagne il renouvelle l’offre de rémunérer le guitariste sur la base de congé autorisé — « leave of absence with pay ». Woy, sezisman, te vèvenn. Depuis quand les groupes musicaux haïtiens avaient une telle structure. N’est-ce pas là une promesse vide pour amuser la gallérie ? Mais, on attend la décision de Makenson. Se laissra-t-il séduire par ces belles promesses « aloral » ? Saura t-il survivre sans Disip ? Un fait qui reste à prouver : Sa décision permettra d’évaluer son niveau de caractère et sa personnalité.
Par ailleurs, Makenson a fait une nouvelle expérience dans sa vie confirmant l’idée que les vrais amis sont rares. « Chacun se dit ami, mais fou qui s’y repose ». Mais ce dernier a appris une leçon vitale, à savoir qu’on ne tend pas la main en premier, pour donner une poignée de main à quelqu’un. C’est tout comme en karaté, on n’initie pas la première attaque, ce qui se traduit par « Karate Ni Sente Nashi ». D’ailleurs, le karaté est un art de défense, puisque tous les katas commencent par un blocage. On doit toujours se tenir sur ses gardes. On peut facilement détecter les hypocrites à partir d’une poignée de main. Ils donnent toujours une poignée de main flasque, molle « pòk », « a dead fish handshake », c’est-à-dire une main qui donne l’impression d’un poisson mort qu’on tient par la queue.
L’expérience a aussi prouvé qu’on ne doit pas trop se mêler des affaires de ces musiciens du monde konpa dirèk. Car ils partent puis reviennent au point de départ, après une période de turbulence, ou même un tsunami. L’histoire l’a prouvé en maintes occasions. Le chef de file et fondateur de Disip, Gazzman Couleur, ne perçoit pas encore le tourbillon qui arrive avec force. La formation Disip est aujourd’hui dans l’œil d’un sévère tourbillon.
cet article est publié en P.16 dans l’édition du 18 avril 2018 de l’hebdomadaire Haïti Observateur et se trouve à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2018/04/H-O-18-April-2018.pdf