Le Groupe Klass : nouvelle formule de production musicale par Robert Noël
Les bienfaits de l’éducation et de l’instruction sont multiples. En Haïti, on dit que l’éducation commence au berceau, et on reçoit le pain de l’instruction à l’école. À l’école, on a appris que des homonymes sont des mots qui se prononcent de la même manière, mais qui n’ont ni la même orthographe ni la même signification. Mais à toute règle, il y a des exceptions. Les mots « Klass » et « classe » se prononcent de la même manière et ont la même signification. Ils traduisent une même idée d’école, dans leur sens
d’usage.
La formation Klass face à la réalité du moment
Dès qu’on parle d’école, on doit tenir compte du cycle d’étude qui se subdivise en trimestres ou en
semestres. La formation Klass a la liberté de choisir soit l‘une ou l’autre pour mettre ses œuvres
musicales en circulation. Le maestro de Klass, Jean Hérard Richard « Richie », confirme que sa formation musicale sortira quatre (4) musiques, « ni plis, ni mwens ». On ne sait pas trop s’il s’agira de quatre chansons par trimestre ou par semestre.
On ose croire que Klass ne va pas délivrer un paquet de quatre chansons au premier trimestre ou au premier semestre, pour ensuite se reposer sur ses lauriers. Surtout, quand on a la garantie que Nu Look et Zenglen s’accrochent à la traditionnelle forme de productions musicales exigeant la conception d’un CD complet de 10 à 11 chansons. Ce qui empêchera une compétition musicale de taille de prendre place. On ne pourra pas établir ni maintenir l’équilibre de la balance. Dans un plateau, on aura quatre chansons de Klass, et dans l’autre 20, si Nu Look et Zenglen produisent un album d’au moins 10 chansons chacun.
Il n’y a rien d’anormal que Klass produise quatre (4) musiques. Mais saura t-il choisir une forme de promotion appropriée, liée au nombre, et un plan de marketing diversifié, à la veille de la Coupe du monde de football, qui débutera en juin 2018 ? Attention ! On annonce le lancement du nouveau disque de Klass pour le 18 mai, un mois avant le commencement de cette grande joute sportive internationale. Les responsables de cette formation musicale doivent faire jaillir la lumière autour de cette nouvelle disposition, pour mettre fin à l’anxiété et à l’incompréhension des fans inconditionnels de Klass.
Les fausses nouvelles « Fake news » peuvent nuire et déranger
On dit souvent que les musiciens du monde konpa dirèk ne tiennent jamais leurs promesses. Ils changent d’avis comme les saisons et la température. Sans vouloir faire l’avocat du maestro de Klass,
il est innocent jusqu’à preuve du contraire. C’est à lui de prouver son innocence. Il ne peut et ne doit mentir aux fans de Klass, car Turpe est mentiri — mentir est honteux. Le maestro-batteur de Klass a parlé avec assurance et veut prouver au grand public que ses déclarations et promesses ne sont pas du « Fake news ». Quatre musiques, ni plis ni mwens ! Certaines gens aimeraient que le groupe Klass fusionne le jazz et le konpa dirèk, pour montrer la classe de Klass. Il semble que Klass n’ait reçu l’assistance d’aucun sponsor. Ils’agit d’une autoproduction…
La musique est une, donc les syntaxes musicales sont les mêmes partout. Ce sont les progressions d’accords utilisées qui font la différence entre les différents genres musicaux du monde. Tout est possible. Klass pourra facilement produire une musique hybridée / fusionnée, jazzée, en utilisant des progressions d’accords II, V, I en « loop » boucle « loop, looping en anglais, y ap fè looping ». Et l’usage d’accords d’embellissement donnera une nouvelle couleur tonale à la composition que les musiciens du groupe Klass auraient choisie d’hybrider, de fusionner. Le mot « loop », tout comme « sponsor », est un emprunt direct de la langue anglaise. Il ne s’agit pas ici d’un emprunt naturalisé.
Lumière aux lecteurs et aux animateurs de bonne volonté ! Fiat lux ! Ces chiffres romains II, V, I, sont utilisés pour définir la structure harmonique (harmonie fonctionnelle) d’une composition musicale. Ils représentent le deuxième (II),le cinquième (V) et le ton initial(I), donc les différents degrés de la gamme. S’il s’agit d’une tonalité majeure, le second accord sera indiscutablement un mineur (le second degré de la gamme).Cette nouvelle approche musicale permettrait aussi aux guitaristes, El Pozo et Bèl Kòd, de
mettre en application les théories musicales qu’ils disent avoir apprises à une académie de musique
qu’ils avaient fréquentée dans un temps. Telles sont des déclarations qu’ils avaient faites au cours
d’une interview.
Le problème du marché musical : Est-ce le nombre de chansons sur un album ou une mauvaise
approche promotionnelle ?
Après la production de deux disques de bonne facture, l’on se demande si Klass va récidiver, cette fois. Au lieu de se fixer sur le nombre de musiques que ce groupe décide de mettre sur le marché, il serait mieux de considérer l’œuvre dans son ensemble. Si l’on se réfère aux deux précédents disques de Klass, on peut espérer de bons résultats. Cependant, Klass doit s’assurer que les quatre morceaux reçoivent une égale promotion, puisque les risques deviennent plus grands, plus le nombre est réduit. Personne n’ignore que les chansons « M ap marye » et « Lajan sere » de Klass sont les plus diffusées sur les ondes, tant en Haïti qu‘en diaspora.Ces morceaux ont été tournés jusqu’à leur épuisement. Yo
tòde mizik yo, comme ils l’auraient fait d’une serviette mouillée. Pourtant, il y a d’autres tubes sur le second CD de Klass qui auraient dû bénéficier d’une plus grande attention et de diffusion en termes de promotion, qui doit être un processus permanent.
Les animateurs sont en partie responsables du fait que les tubes « hits » d’un CD se volatilisent aussi vite. Si les responsables de Klass payent aux présentateurs d’émissions konpa dirèk pour promouvoir leurs albums et que ces derniers le font de la même façon, c’est un vol à main armée. Jusqu’à présent, aucun des animateurs, incluant les plus populaires, d’ici et d’ailleurs, n’assure la promotion et le marketing d’un album comme l’exigent les règles et les lois qui régissent le marché musical international. Ce sont donc des animateurs-PetroCaribe qui s’adonnent à cette pratique de PAYOLA exigeant que les groupes musicaux leur donnent de l’argent à l’insu du PDG de la station de radio ou d’une chaîne de télévision, pour diffuser leur musique.
Il y a aussi des animateurs qui empochent l’argent des groupes musicaux et ne font aucune promotion. La PAYOLA se pratique aussi dans l’univers des animatrices qui ne sécurisent aucun espace de promotion. Un groupe connu de Miami a été victime d’un tel coup fourré d’une animatrice qui fonctionne encore en Haïti. Cette formation musicale ne sera pas la dernière victime puisque ces artistes aiment faire le tour des buissons « wout pa bwa — beat around the bushes » en quête de promotion de leurs œuvres. Ces animateurs-PetroCaribe profitent surtout des groupes musicaux qui résident en dehors
d’Haïti pour leur tordre la main. Ils savent que les musiciens ne lisent presque pas,faute de temps, disent-ils, et n’écoutent pas les émissions konpa qui diffusées en direct en Haïti. Ces animateurs
petro-caribéens, on les voit partout, surtout en Haïti, à New York et en Floride.
Les groupes musicaux doivent comprendre qu’ils peuvent imposer leur loi en demandant clairement aux animateurs ce qu’ils veulent et en détaillant la façon dont la promotion doit être faite. Tant qu’on n’arrive pas à éliminer cette pratique, la situation de l’industrie musicale ne changera pas. La production de quatre musiques de Klass exige une nouvelle approche promotionnelle. Les dirigeants de cette forma- tion musicale sauront quelle alternative choisir pour promouvoir leur nouvel album. Ils sont actuellement en phase d’une nouvelle expérimentation avançant vers l’inconnu et devant se préparer en conséquence. Le problème de l’industrie musicale konpa dirèk ne se situe pas dans le nombre de
musiques enregistrées sur un album, mais il est plutôt lié à la façon dont les promotions des disques sont assurées. Il ne reste qu’à souhaiter bonne chance, bon travail et du succès continu au groupe Klass.
l’original de cet article se trouve en P. 16, 9 de la version PDF de l’édition courante de l’hebdomadaire Haïti Observateur et à cette adresse : http://haiti-observateur.org/wp-content/uploads/2018/04/H-O-4-avril-2018.pdf